Pires : «Je ne peux pas oublier Arsenal»

Publié le : 04 février 201910 mins de lecture

A la veille de rencontrer Arsenal, où il a passé six saisons (2000-06) en Ligue des champions, Robert Pires, 35 ans, évoque dans Aujourd’hui Sport ses retrouvailles avec un club qu’il n’a pas oublié.

Robert, vous retrouvez demain Arsenal en quarts de finale de la Ligue des champions. Comment avez-vous appris ce tirage ?
J’étais à l’entraînement au moment du tirage. Au retour au vestiaire, j’avais un message disant qu’on allait jouer Arsenal. Au début, je n’y croyais pas trop. J’avais envie de jouer contre eux mais en finale… (rires)

ARSENAL

Arsenal, c’est plein de souvenirs qui doivent remonter à la surface.
Oui, depuis l’annonce du tirage, le fait de parler de ces retrouvailles fait remonter tous les souvenirs. J’ai passé six années merveilleuses à Arsenal où on a presque tout gagné. Avant d’arrêter ma carrière j’avais envie – je ne sais pas pourquoi – de jouer contre les Gunners.

Peut-on dire que c’est là-bas, en 2002, que vous avez atteint l’apogée de votre carrière avant de vous blesser ?
Oui, la saison 2001-02 a certainement été ma meilleure. Elle s’est mal terminée puisque je me suis fait les «croisés» mais je réussissais tout ce que j’entreprenais sur le terrain. Avec beaucoup de réussite en général, ça fonctionnait.

Mis à part les résultats sportifs, qu’est-ce qui vous a marqué dans ce club ?
Le professionnalisme. Tout est mis en oeuvre pour réussir, tu es bichonné, entre de bonnes mains. Le fait de travailler au quotidien avec Arsène Wenger te fait progresser. C’est indéniable.

En quoi Wenger vous a-t-il fait progresser ?

Par la confiance qu’il inspire, d’abord. Quand j’étais à Metz, il voulait me faire venir à Monaco. Mais j’ai décidé de signer à Marseille. Aussi, quand il est revenu à la charge en tant qu’entraîneur d’Arsenal, je n’ai pas hésité. Je me suis dit : «Il faut que je tente l’aventure étrangère.» A l’époque, le Real Madrid s’intéressait aussi à moi et je ne pense pas m’être trompé en signant à Arsenal.

Pourquoi Wenger marque-t-il tous les joueurs qu’il a eus sous ses ordres ?
Quand il te parle, tu as l’impression d’entendre ton grand frère. Il te met à l’aise, il emploie les bons mots, il te donne les bons conseils. Il te dit ce qu’il faut faire, il t’aide à améliorer tes points forts. En ayant tout ça devant moi, très sincèrement, je ne pouvais que réussir.

Vous avez gardé ce lien spécial avec lui ?

Oui, on s’appelle de temps en temps au téléphone. Il y a des relations qui ne s’effacent pas… Et, avec lui, elle est forte.

La presse espagnole a indiqué que Wenger vous avait appelé après le tirage au sort, info ou intox ?
Oui, c’est vrai. C’était le 21 mars, avant une victoire d’Arsenal à Newcastle (3-1). Il m’a demandé si j’étais en forme, si j’allais jouer… Je lui ai répondu que c’est l’entraîneur, Manuel Pellegrini, qui décide de la composition de l’équipe. (rires) Et que je suis en forme. Il m’a dit alors : ?Ah, mince?. Notre relation est très saine.

Vous ne lui tenez pas rigueur de vous avoir sorti de la finale de la Ligue des champions 2006 au bout de vingt?minutes ?
On me dit souvent ?ce qu’il t’a fait en finale, ce n’est pas bien?. Aucun joueur n’aime sortir dans ces conditions, mais il ne faut pas oublier ce qui s’est passé (expulsion du gardien Lehmann et rentrée d’Almunia à la place de Pires). Ce n’est pas ça qui va me faire oublier les six années extraordinaires passées à Arsenal.

Vous avez quand même quitté Arsenal juste après cette finale de Ligue des champions.
Cette finale contre Barcelone était le dernier match de la saison. J’ai ensuite fait part à Arsène de ma décision de partir. Puis j’ai signé mon contrat avec Villarreal. J’ai aimé travailler avec Wenger et, aujourd’hui encore, j’ai avec lui une relation ?top?.

Et avec le reste du club ?

Je regrette une chose : de ne pas avoir fait mes adieux à Highbury. Je suis parti vite, comme un voleur (rires), et je me dis parfois ?mince, je n’ai pas dit au revoir au public d’Arsenal ?. J’aurai l’occasion de les saluer le soir du 15 et j’espère que je le ferai avec la qualification (rires).

Avec quels joueurs d’Arsenal êtes-vous encore en contact ?
C’est avec Gaël Clichy que je suis le plus en relation. On s’est un peu chambrés après le tirage. De temps en temps, j’ai Kolo Touré et Emmanuel Eboué.

Et les autres Français ?

Je connais aussi William (Gallas). Je connais moins Diaby, Sagna et Nasri. Samir, s’il est à Arsenal, c’est qu’il a des qualités et je fais confiance à Arsène pour ça. Avec ces joueurs-là, je peux vous garantir qu’Arsenal a un bel avenir.

Retournez-vous souvent à Londres ?
La dernière fois que j’y suis allé, c’était au mois de décembre pendant la trêve en Espagne. Ça m’a permis de faire un tour au centre d’entraînement d’Arsenal et d’assister au match contre Portsmouth, à l’Emirates Stadium. Dès que je peux, j’y retourne car j’apprécie beaucoup Londres, j’y ai un appartement et des amis.

Emmanuel Petit a déclaré dans Aujourd’hui Sport vendredi qu’il avait reçu un accueil phénoménal à son retour sur la pelouse d’Arsenal. A quel genre d’accueil vous attendez-vous de la part de votre ancien public ?
Connaissant le public d’Arsenal, je risque d’avoir un accueil assez chaleureux car ce sont des gens qui n’oublient pas. Et, très sincèrement, j’ai hâte d’y être ! Parce que j’ai ce club dans le coeur.

Que pensez-vous de la saison 2008-09 d’Arsenal ?
Ils font une saison difficile avec des hauts et des périodes délicates. Je trouve qu’ils reviennent à un certain niveau. J’ai pu voir le match contre Newcastle : quand le jeu est au rendez-vous, c’est une équipe qui est très dangereuse.

Que craignez-vous chez eux ?

Pas mal de choses. Surtout cette jeunesse, cette fraîcheur et l’état d’esprit à l’anglaise.

Comment voyez-vous cette confrontation ? tactique ?
Tactique, je ne pense pas car on a le même fond de jeu, nous sommes deux équipes qui aimons le beau jeu. On laisse des espaces, ce qui signifie qu’en général nos défenses sont mises à contribution. Ce style de jeu est un peu dangereux mais nous, on a toujours joué comme ça, et Arsenal aussi. J’espère pour tout le monde qu’on verra un jeu ouvert avec des buts, mais un peu plus pour Villarreal. (rires)

VILLARREAL

Votre entraîneur, Manuel Pellegrini, vous a-t-il demandé des tuyaux sur Arsenal ?
Non, et je ne pense pas qu’il le fasse. C’est un entraîneur expérimenté, qui connaît très bien le football. Villarreal a déjà joué contre Arsenal, il y a trois ans (en demi-finale de la Ligue des champions, 1-0, 0-0) et il sait ce qu’il faut faire.

De quelle façon joue Villarreal ?
Dans toutes les formules que propose Pellegrini. C’est notre force : on n’a pas de système de jeu prédéfini. On peut très bien jouer en 4-4-2 comme en 4-5-1 ou en 4-3-1-2.

Pellegrini ne vous fait pas débuter tous les matches. Est une bonne gestion selon vous ?
Oui, car il y a une communication entre nous deux et c’est très important. Quand je ne joue pas, je sais pourquoi. Il fait ?attention? à moi, il me gère. Je pourrais débuter tous les matches sans problème car, physiquement, je me sens très bien et je travaille pour. Le coach sait que je m’adapte à tous les postes qui me sont proposés. J’ai cette chance d’être polyvalent et, aujourd’hui, j’en profite. Cette saison, je joue un peu derrière l’attaquant, je peux aller aussi sur le côté gauche dans un 4-4-2. Ça me convient, j’ai de très bons rapports avec Pellegrini.

Est-ce pour ça que vous venez de prolonger ?

J’avais des propositions du Qatar mais, pour moi, la qualité de vie et le fait de jouer au haut niveau avec cette équipe prime sur l’aspect financier. La discussion a été très rapide avec le président, ça a duré cinq minutes. Il m’a dit un chiffre, j’ai demandé un peu plus, il a dit oui et on a signé.

Pourquoi n’avoir prolongé que d’un an ?
Ça me convient très bien. Ça permet de se remettre en question à chaque match, je ne peux pas ?m’endormir?. Ce nouveau contrat signifie surtout deux choses : que je fais une bonne saison et que j’ai la confiance des dirigeants.

Qu’est ce qui vous fait encore courir ?
L’envie et le plaisir d’aller tous les matins à l’entraînement. Le jour où j’en aurai marre, j’arrêterai. C’est aussi simple que ça. Mais, pour l’instant, cette motivation est toujours en moi. Ce que j’ai aimé chez le président de Villarreal, c’est qu’il n’a jamais parlé de mon âge. Vous croyez qu’un club français me ferait confiance à 35 ans ?

LES BLEUS

Qu’avez-vous pensé des deux derniers matches de l’équipe de France contre la Lituanie ?
Je n’ai pas vu le premier match car j’étais à Madrid pour assister à Espagne – Turquie. Celui de mercredi, je l’ai vu et… (rires) Disons que je me suis un peu ennuyé. Comme beaucoup, je pense. Après, le plus important, c’était la victoire. On regarde le résultat, pas la manière.

La manière n’est-elle pas due au jeu limité de l’adversaire ?
Mouais… Je me souviens qu’à une époque, si on avait fait ce même résultat avec cette manière, on se serait fait ?défoncés? dans la presse. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas : les temps ont donc changé.

A 35 ans, pourriez-vous encore évoluer dans cette équipe ?
(rires) Très sincèrement ? Oui. Mais bon… Vous connaissez mon histoire avec Raymond… Donc ça ne sert à rien de… Je ne veux pas passer pour une pleureuse. Un miracle pour que je revienne en Bleu ? Non, il n’y en aura pas, je peux vous signer un papier.

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